L’est éclair du jour :
Dominer plutôt que contrer
Les bons comptes sont d’abord à aller chercher du côté du classement : c’est anecdotique, mais là où l’équipe troyenne avait pris zéro point au mois d’août 2024, elle vient d’en amasser trois dès la première journée en battant Grenoble (2-1). Elle se retrouve deuxième derrière Pau, seule autre équipe à s’être imposée lors de la première journée (2-0 contre Annecy).
Comme Pau (et ce n’est pas un hasard), l’Estac a eu l’avantage d’évoluer à dix pendant la seconde mi-temps. Cette supériorité numérique troyenne pendant 45 minutes nuance évidemment les statistiques de ce match inaugural de la saison. Mais les faits sont là. L’Estac a eu 61 % de possession, son pourcentage de passes réussies est monté à 89 % (le meilleur taux de cette journée). Et cela s’est traduit en occasions par 28 centres et 20 tirs. Des statistiques qui traduisent la domination des hommes de Stéphane
Dumont et la volonté d’être dans l’action, pas dans la réaction.
Un pressing plus haut et un danger plus réparti
Après le match, Mohamed
Diop a souligné que l’entraîneur avait demandé aux joueurs d’aller presser Grenoble. Dans cet exercice,
Assoumou a été un élément déclencheur dans son couloir droit. Tout le bloc troyen, dans son ensemble, a contraint son adversaire à ne pas sortir de sa moitié de terrain en début de match. On jouait à cet instant contre onze. Ce pressing a perduré à onze contre dix.
Si l’Estac joue délibérément plus haut, c’est parce qu’elle a perdu ses deux « flèches » dans les couloirs (Saïd et Irié). Pour être dangereux, le bloc-équipe n’a pas le choix que de monter d’un cran. Cela explique que les 20 tirs ont été tentés par 9 joueurs différents (
Monfray,
Assoumou,
Maronnier,
Boura,
Diop,
Detourbet,
El Idrissy,
Adeline,
Mille). Cette répartition des frappeurs est un indicateur : le danger peut venir de partout, pas seulement des ailiers.
Un milieu de terrain qui combine
Moins de jeu en transition, plus de possession, c’est la conséquence d’un milieu de terrain dominateur. « On a évolué, a relevé Stéphane
Dumont juste après la victoire. J’ai aimé ce qui s’est passé au milieu, notre calme et notre sérénité dans le cœur du jeu. » En pointe basse de ce milieu de terrain, le profil d’un Phliponeau plus mature, meilleur relanceur qu’un Kanté (qui était plus dans la récupération) y est pour quelque chose.
Le bon match des deux relayeurs
Diop et
Mille a favorisé ce jeu de possession dans l’entrejeu. S’il n’y a pas de « statut particulier et que ça peut évoluer », selon l’entraîneur, ces deux-là partent avec « une petite longueur d’avance ». Le coach a envie de voir
Adeline plus haut sur le terrain, et ne semble pas disposé à relancer un
Chavalerin dont le temps de jeu s’est nettement réduit l’an dernier.
Diop a pris de l’épaisseur dans l’équipe, au point que Stéphane
Dumont en a fait un de ses vice-capitaines. « Il est un élément majeur de l’équipe, et Antoine (
Mille) a été recruté pour en devenir un. » Les deux ont assuré et assumé sur ce premier match.
Diop, avec son profil « box to box » ;
Mille davantage dans les petits périmètres et le jeu de combinaison.
Le milieu ne se cantonne pas à ces trois-là lorsque le coach opte pour un « faux pied » dans un couloir. C’est le cas avec
Detourbet à gauche, qui rentre régulièrement dans le cœur du jeu ou vient s’appuyer sur l’avant-centre, alors qu’à droite,
Assoumou apporte de la profondeur et peut centrer sur son bon pied.
Des latéraux qui percutent
Là encore, les départs non compensés de Saïd et d’Irié ouvrent de nouveaux horizons pour les deux latéraux. Ils doivent participer davantage à l’élaboration du jeu offensif. Plus hauts sur le terrain, ils sont plus rapidement dans des zones dangereuses. Une action, à la 14e minute contre Grenoble, a illustré cette volonté de dépasser la fonction de défenseur, lorsque
Boura, sur un centre, a trouvé
Maronnier à la réception, en position d’attaquant. L’entraîneur va faire en sorte de développer des connexions (
Mille a le profil type) pour qu’ils puissent plonger dans les espaces et centrer. Se projeter, c’est d’ailleurs l’exercice de style préféré d’
Ouzenadji, qu’on a peu vu pour l’instant, mais qui pourrait, lui aussi, s’émanciper dans ce registre.
Deux attaquants : une formule à revoir plus souvent ?
C’est l’histoire d’un match, mais c’est aussi ce qui a fait basculer ce match. À la 72e minute, à 1-1, Stéphane
Dumont a sorti sa sentinelle (Phliponeau) pour faire entrer
Adeline, en position de deuxième attaquant. Une option tactique plus risquée (
Diop et
Mille devaient compenser et créer à la fois) que le coach pourrait réutiliser, toujours en raison du déficit de joueurs d’impact dans les couloirs (
Traoré et
Diakité ont été laissés de côté contre Grenoble). Et parce que « la construction d’un match est importante », à plus forte raison en début de championnat, quand les joueurs (des deux équipes) n’ont pas encore le gaz pour être performant 90 minutes.
Adeline, par son activité, son énergie, peut aspirer à autre chose qu’à un statut de super-sub s’il gagne en clairvoyance et en confiance. En tout cas, il a bien lancé sa saison. Ce soutien à l’avant-centre a aussi l’avantage de libérer
El Idrissy d’un rôle de buteur qu’il n’arrive pas à assumer seul. Dans ce schéma, il peut s’avérer plus efficace comme point de fixation, ou à la dernière passe.
