Article d'Alan Mangin sur les 3 premiers mois de CFG parua ce jours dans l'EE :
Si le nouveau propriétaire de l’Estac n’a pas communiqué son projet et ses ambitions en extérieur, il a entamé son travail d’intégration du club troyen aux habitudes et aux codes de CFG.
Les espoirs ont vite laissé la place aux interrogations. Le 3 septembre dernier, City football group (CFG) annonçait son rachat de l’Estac, le dixième club attiré dans ses filets. Une semaine plus tard, une autre information était divulguée : l’installation de l’Anglais Simon Cliff au poste de président. Et depuis, plus rien. Trois mois après le rachat, CFG n’a pas communiqué en extérieur sur son projet, ses objectifs et le nouvel organigramme troyen. La raison principale : « Simon Cliff est bloqué à Manchester, où le confinement est plus drastique » , nous dit-on au club.
Sans contester la cause de l’absence physique du nouveau président à Troyes, on peut critiquer la conséquence : alors que l’Anglais devait poursuivre, en temps réel, l’audit de toutes les strates du club, se faire un avis sur ses membres, son environnement et se constituer un réseau en local, son éloignement géographique pose problème. « L’Estac a quand même des rapports très réguliers avec les responsables du groupe , nous rassure-t-on. Ils demandent notamment de mettre à jour les pièces qu’ils ont reçues lors de l’audit (qui a précédé le rachat, Ndlr). »
Cela dit, quelques membres de l’Estac, pas en position de savoir ce qu’il se trame en haut lieu, se demandent parfois qui pilote le navire (aujourd’hui, Sylvie Collinet – directrice administrative, financière et ressources humaines – est la personne présente la plus haute gradée et assure l’intérim). « On attend, même si on sait que la situation sanitaire n’aide pas , dit l’un d’eux. On est là tous les matins et on fait notre boulot. Pour l’instant, l’arrivée de City n’est ni un bienfait ni un méfait. Ce n’est pas un frein, ni un accélérateur. » « Depuis un mois, on peut dire qu’on est dans une phase d’intégration à CFG. City estime que le club est bien structuré et bien géré, ce n’est pas comme s’il y avait urgence. »
Si, effectivement, il n’y a pas urgence à bouleverser une entité qui fonctionne bien, il y a en revanche urgence à communiquer en extérieur. « Je ne comprends pas qu’ils ne parlent pas , nous dit un membre de l’Estac. Simon Cliff est le seul à avoir été intronisé par le groupe, lui pourrait au moins répondre aux questions. Heureusement que l’équipe marche bien en Ligue 2 car sinon on chercherait des boucs émissaires. » « Si ce n’était pas le cas, CFG aurait sans doute accéléré sa communication », nous rétorque-t-on. Nos demandes d’interview de Simon Cliff sont restées vaines. Son positionnement (il siège au conseil d’administration d’autres clubs et se voit confier d’autres missions par CFG) et son silence posent question quant à son investissement actuel et futur en tant que président de l’Estac.
Pour éclaircir tout ça, une conférence de presse en visio devrait être organisée avant la fin de l’année, notamment pour introniser François Vitali qui, comme nous le révélions le 22 septembre dernier, va prendre la tête de la cellule sportive du club, en lieu et place de Luis De Sousa, toujours en arrêt de travail et dont l’avocat discute avec ceux de City.
En attendant que ce cas soit réglé, François Vitali travaille (il a participé à la signature du contrat professionnel de Kemelho Nguena), est présent (pas en continu) dans les bureaux de l’Estac et participe aux visioconférences menées par Érick Mombaerts avec les éducateurs du centre de formation (lire ci-dessous).
Concrètement, François Vitali, salarié de CFG (pas de l’Estac), est mandaté par City pour les problématiques de recrutement et de négociations avec les agents de joueurs. Un fonctionnement différent – qui correspond aux habitudes d’une multinationale – et moins paternaliste que ce qu’a connu l’Estac auparavant.
Quand François Vitali sera officiellement présenté, il sera bien identifié (par les agents et les médias notamment) comme étant l’interlocuteur désigné concernant les contrats des joueurs. D’ailleurs, quel est l’avis des joueurs troyens sur les premiers mois de City ? « On sait qu’ils sont présents mais on ne voit pas trop de changements , confie l’un d’eux. En même temps, ils doivent voir qu’on réalise de bonnes choses donc ils ne vont pas tout casser. Ils nous laissent travailler. » « Oui, on fait notre petit bonhomme de chemin. »
L’installation de la nouvelle direction sportive permettra aussi d’appréhender au mieux le mercato d’hiver (du 4 janvier au 1 er février) : « J’ai hâte de voir ce qu’ils vont faire à ce moment-là, on aura une idée plus précise de leurs ambitions. » Simon Cliff, lors de sa présentation aux partenaires, n’avait pas caché sa volonté de faire remonter le club troyen « dans l’élite dans les deux ans ». Car le propriétaire compte sur la visibilité et la notoriété de la Ligue 1 pour attirer de jeunes joueurs à fort potentiel ; la base du nouveau projet troyen.
Je trouve le "lire ci-dessous" plus intéressant car on y apprend plus de choses :
Sous la houlette d’érick mombaerts, le centre de formation s’imprègne du « city game »
Les responsables sportifs de City group ont entamé leur travail à l’Estac par le centre de formation. Depuis un bon mois, Érick Mombaerts mène des visioconférences avec les éducateurs du centre de formation, auxquelles participe également François Vitali. « Le but est de sensibiliser les entraîneurs aux principes de jeu et à l’identité de City , nous dévoile un autre participant. Ils doivent se les approprier et les mettre en place progressivement ; c’est un long processus. »
Quels sont ces principes qui, à terme, devront être communs à toutes les jeunes équipes troyennes ? « La ligne directrice, c’est un football de possession, mais pas une passe à dix. L’objectif est de trouver des ouvertures, de faire mal. »
Par des vidéos et d’autres documents, Mombaerts – qui a déjà effectué ce travail d’imprégnation à Melbourne et dont le rôle à l’Estac n’est pas encore clairement défini – montre les cheminements privilégiés pour « repartir du gardien et aller jusqu’au bout des actions. C’est très détaillé, intéressant ». Autre marqueur fort du « City game » : « La prise de décision tactique et la lecture du jeu doivent être collectives. Par exemple, les starters (pour déclencher le pressing par exemple, Ndlr) sont les mêmes pour tout le monde. Tout est fait à haute intensité, avec beaucoup de courses, que ce soit avec ou sans ballon. C’est du jeu en continuité, qui s’adapte aussi au système de l’adversaire. »
À l’Estac, l’assimilation devrait être facilitée par une identité ancrée depuis des années et qui est proche de celle souhaitée par CFG (ce qui n’est pas le cas à l’académie Manchester city, où cette inculcation est compliquée). « Oui, il y a beaucoup de ressemblances , nous dit-on. Mais la culture va un peu changer : en France, on se contente de gagner 1-0. Là, on demande d’avoir sans cesse la possession pour se créer des occasions. Cela demande beaucoup de travail, de remise en cause, et on sait qu’il y aura des ratés. Mais on est là pour apprendre. »
Érick Mombaerts a demandé aux entraîneurs de regarder des matches du Manchester City de Guardiola. « Pas pour faire du copier-coller, mais pour s’éveiller au jeu proposé. On ne va pas demander à toutes les équipes, des U15 à la réserve, de tout maîtriser. Il y aura des étapes, des priorités, pour qu’au bout du parcours de formation, le joueur acquière tout le bagage du City game. »