L’article de l’Est-Eclair du jour
Nouveaux joueurs, nouveau style de jeu: l’Estac repart d’une page blanche avec un Laurent Batlles au projet de jeu ambitieux. Mais l’effectif manque de consistance.
Le mercato
Prometteur mais insuffisant
Un an de perdu. Le constat est réducteur, mais le passage à Troyes de Rui Almeida est resté sans lendemain. Une saignée de l’effectif a suivi le départ de l’entraîneur parti à Caen: quinze* joueurs (pour l’instant) qui s’en vont , c’est un exode! C’est aussi le début d’une nouvelle ère, celle de l’après-Nivet, qui a mis fin à sa carrière.
Une petite dizaine de recrues sont arrivées, c’était indispensable, presque un minimum. Surtout qu’un départ (au moins) devrait se finaliser avant le 2 septembre, date de clôture du mercato: celui de Bryan Mbeumo, courtisé de toutes parts (Lille, Marseille, Rennes, clubs anglais, clubs allemands…).
À quelques jours du début du championnat, l’Estac n’est pas armée pour tenir la distance. Son effectif peut rivaliser sur quelques matches, mais il est minimaliste. L’équipe n’a pas une profondeur de banc suffisante. Certains postes ne sont pas pourvus par des joueurs confirmés (deuxième gardien, arrière gauche), et d’autres ne sont pas doublés (au milieu du terrain). Depuis quinze jours, Laurent Batlles fait passer le message, mais il ne voit plus rien venir. C’est déjà ce recrutement tardif qui avait plombé le mois d’août de l’Estac la saison dernière. Le risque d’un faux départ n’est pas à exclure, d’autant qu’un effectif aussi chamboulé a besoin de temps pour se construire.
La préparation
En mode accéléré
En raison des play-offs, l’Estac n’a eu qu’un mois de préparation. Un timing serré, surtout quand tout est à refaire. Le bilan (trois victoires, un nul, une défaite) est satisfaisant. Les matches amicaux ont été intégrés dans la préparation physique, ils n’avaient pas vocation à être aboutis. Le dernier, contre Charleroi (défaite 2-1), solide club de Jupiler League, a permis de se mettre en mode compétition. Un stade bruyant (environ 4000 spectateurs), une pelouse parfaite et un adversaire coriace, les ingrédients étaient réunis. Ce n’était sans doute pas le moment idéal pour mettre à l’essai un latéral gauche (Ebane), dont le CV ne colle pas au profil du joueur d’expérience recherché…
L’Estac a essayé de mettre en place les principes de jeu de Laurent Battles, mais s’est heurtée, au bout de quinze minutes, à la dimension athlétique de l’adversaire. Les joueurs troyens ont manqué de jus et ont été dominés dans les duels. Une semaine supplémentaire de préparation n’aurait pas été un luxe avant de se rendre à Niort vendredi.
Les recrues
Pirès, taille patron?
Deux recrues sortent du lot: le gardien de but Gallon a fait belle impression sur sa ligne ; il possède un bon jeu au pied et devrait rapidement assumer un rôle de leader dans cette équipe. Il fallait cette carrure pour remplacer Samassa. Sans concurrence, on l’a senti très investi dans le projet Estac, et très impliqué dans sa préparation.
Le Portugais Pirès est arrivé tardivement, pendant le stage, mais, ça ne l’a pas empêché d’être vite opérationnel. Pas encore au point physiquement (il a quand même joué 70 minutes contre Charleroi), il a donc été mis en difficulté dans les duels au fil des minutes. Mais, dans un rôle de sentinelle à très forte responsabilité, il possède les qualités pour s’imposer: qualité de passe, sens de l’anticipation. Il a toujours cherché à donner de la verticalité au jeu en une touche de balle. Quand il sera à 100% physiquement, il a tout pour devenir un des tauliers de l’équipe malgré ses 21 ans.
D’autres joueurs ont montréde belles choses. El Hajjam, dur sur l’homme, s’est installé dans le couloir droit de la défense avec autorité. Au milieu de terrain, la bonne surprise est venue de l’ancien capitaine de la réserve de Saint-Etienne, Chambost. Son pied gauche a fait mouche à deux reprises sur coup franc. Dans le jeu, il a su se rendre disponible et apporter de la dangerosité au jeu de possession.
Massouema a laissé entrevoir des qualités techniques prometteuses, mais a manqué de régularité. Barthelmé n’a pas encore l’influence qui devrait être la sienne, mais il a bien fini le match à Charleroi, signe qu’il monte en puissance. De retour de prêt, Camara, affûté, a été efficace dans la zone de finition. Sans numéro 1 affirmé, le poste de latéral gauche est en balance entre Baya et le jeune néo-pro Mambo.
Le style
Un jeu à risques assumé
L’arrivée de Laurent Batlles aux commandes de l’équipe troyenne marque le retour d’un jeu offensif assumé. Un style qui tranche avec les années Garcia et Almeida, plus proche, de toute façon, des convictions d’un Furlan ou d’un Perrin.
Un changement de cap auquel les joueurs adhèrent, autour d’un staff qui a retrouvé de la cohésion. Aux entraînements, le nouveau coach a posé son empreinte et, d’emblée, il a mis l’accent sur ses exigences: jeu de possession, qualité de passe, vitesse dans les transmissions. Très interventionniste, l’ancien milieu offensif n’hésite pas à hausser la voix quand la maîtrise technique n’est pas au rendez-vous, et qu’elle plombe le collectif. Adepte du beau jeu, Laurent Battles veut aussi que son équipe «fasse mal» dans les trente derniers mètres, que sa défense recule le moins possible.
Un projet aguichant en 4-1-4-1 qu’on a vu par séquences à Charleroi. Mais l’ambition assumée n’est pas sans risques. À la perte du ballon, l’Estac a été mise en danger par Charleroi vendredi soir. Les Belges ont trouvé trop facilement, entre la sentinelle (Pirès) et la défense, le meneur de jeu japonais Morioka. Et à vouloir jouer haut, l’Estac s’est fait prendre de vitesse en contre. La révolution est en marche, il faudra du temps avant que l’Estac ne trouve le juste équilibre.
Christophe Mallet
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