Il y a 12 ans, jour pour jour, la réserve de l'Estac se déplaçait à Illzach en CFA2, au stade Biechlin. On joue alors la 10e journée de CFA2 dans le groupe C.
C'est l'occasion de revenir sur ce match et sur un joueur en particulier, qui aurait pu faire une autre carrière en étant mieux entouré, et qui a un parcours assez atypique et exotique : Junior M'Pia Mapuku.
La réserve de l'Estac est coachée par Thierry Bocquet depuis 2006.
Illzach reste sur deux nuls, à Forbach 1-1 et à Auxerre 2-2 (13 et 21 novembre), après une série de victoires : Vesoul, Geispolsheim, Saint Louis Neuweg...
L'Estac B sort d'une défaite à Vesoul, un nul contre Saint-Dié, une défaite à Saint Dizier, il faut remonter au 9 octobre pour une victoire troyenne, 5-0 contre Jura Dolois, avec la présence de Brocard dans les buts, Saunier en défense, Sacha Petshi, et en attaque Romain Tharradin, Mickael Barreto, Abdelslam Akouzar, et un ancien espoir monégasque, Junior Mpia Mapuku. Akouzar et Mapuku sont auteurs d'un doublé, et Hakim Jebali est l'autre buteur.
A Illzach, T. Bocquet a opéré des changements par rapport au dernier match :
Kassim Ahamada remplace Nicolas Courtois, Medhi Hocianat remplace Mathieu Saunier, Fred Salem Gabou remplace Sacha Petshi et Ali Lebrazi remplace Youssouf M'Changama.
Illzach a toutes les raisons de craindre la réception de l'Estac. En mai de la même année, la saison précédente, les Troyens étaient venus s'imposer 5-3. Hakim Jebali, déjà, avait marqué, Mohamed Camara avait mis un doublé, et Djibril Sidibé avait marqué de la tête sur un centre de Boutantin (qui est devenu joueur d'Illzach par la suite). L'ancien pro Olivier Rambo avait mis un doublé pour Illzach, dont un pénalty.
6 mois plus tard, l'Estac B est donc de retour chez l'ASIM.
Thierry Bocquet aligne : Antoine Philippon, Medhi Hocianat, Mathieu Baudry, Kassim Ahamada, Fred Salem Gabou, Hakim Jebali, Ali Lebrazi, Mickaël Barreto, Romain Tharradin, Junior M'Pia Mapuku et Frédéric Vieillot.
L'arbitre est Jérôme Champagnol.
Hakim Jebali lance parfaitement l'Estac. Il marque un doublé durant la 1ère mi-temps (11e et 45e). Et malgré le but de Loïc Miliani à la 34e minute, l'Estac vire en tête à la pause.
Au retour des vestiaires, l'Estac fait le break avec Fred Salem Gabou (57e) juste après l'entrée en jeu de Lahcen Mounass à la place de Junior M'Pia Mapuku (55e), puis enfonce le clou avec Frédéric Vieillot en fin de match (81e).
Les Troyens se relâchent alors à 4-1 et encaissent un but dans la foulée par Gilles Mastroianni à la 82e.
Et dans la même minute, 88e, les deux équipes marquent : Hakim Jebali pour l'Estac et Tchen-Sseu Kalathung (qui, formé à Mulhouse a commencé sa carrière en 1999, a rejoint Illzach en 2008 et y était encore de l'équipe qui recevait Mulhouse en coupe en...2019).
Ali Lebrazi clôt le score dans les arrêts de jeu à la 91e.
6-3 score final !
C'est la fin de série pour Illzach après 8 matchs sans défaite (depuis le 02/10/2010), meilleure série du club depuis le printemps 2006.
Côté Estac, Junior M'Pia Mapuku, auteur de 4 buts sur les 8 derniers matches, est resté muet et a été remplacé. Hakim Jebali continue son bon début de saison, une saison qui va s'avérer prolifique et porteuse d'espoir, puisqu'il est l'auteur de 14 buts en 24 matches.
Ce soir-là, dans ce même groupe C de CFA2, Dijon B bat Jura Dolois, avec un milieu de terrain composé de Jordan Marié, Florent Mollet, Benjamin Corgnet et avec en attaque Christophe Mandanne (auteur d'un doublé) et, Kévin Fortuné.
A la fin de la saison, Illzach finit 10e avec 68 points, 10 victoires, 8 nuls et 12 défaites, 47 buts pour, 49 buts contre.
L'Estac B finit 7e, avec 74 points, 11 victoires, 11 nuls et 8 défaites, 57 buts pour et 30 contre, +27 meilleure différence de buts de tout le groupe, même devant le leader Strasbourg (+26).
Strasbourg B finit 1er avec 88 points, suivi par Dijon B, 83 points, Sarre-Union et Saint Louis suivent avec 82, Vesoul et Schiltigheim 76 points sont devant l'Estac.
A l'avenir, l'Estac mettra d'autres cartons contre Illzach comme le 4-2 là-bas en septembre 2013 (avec C. Robin aux commandes), ou le 6-1 en mai 2014 ci-dessous:
(https://www.dailymotion.com/video/xu6fhq).
Du coté de l'équipe troyenne, que sont-ils devenus?
Le coach Thierry Bocquet avait entrainé à Châlon, Nevers, Poissy (5 saisons), Meaux (2 saisons), Versailles (5 saisons), 2 saisons à Ararat Issy, avant d'arriver à Troyes où il entraîne la réserve pendant 5 ans. Il part ensuite à Poissy 3 saisons avant de rejoindre Beauvais 3 ans. Il est ensuite devenu adjoint de Jean-Pierre Papin à Chartres. Avec le départ de Papin, Bocquet devrait prendre un nouveau virage à sa carrière.
Philippon jouera 3 matches de L2 avec l'Estac l'année suivante, pour la montée en L1. Il poursuit ensuite sa carrière à Créteil, Bastia, puis 5 saisons à Villefranche-Beaujolais, puis une à MDA Chasselay avant de rebondir au Goal FC où il joue toujours (11 matches en 2022-2023) avec Enzo Reale ou Florian Raspentino.
Mathieu Baudry peu utilisé à l'Estac a poursuivi sa carrière en Angleterre : Bournemouth, D&R, 4 saisons à Leyton Orient, Doncaster, Milton Keynes, et 4 saisons à Swindon Town où il joue toujours.
Medhi Hocianat est parti à Avranches en 2012. Après 3 saisons, il est parti à Vire (6e division) puis 4 ans au MOS Caen jusqu'en 2021. Il est aujourd'hui entraîneur de jeunes.
Kassim Ahamada est parti à Evry en 5e division après une année pleine à l'Estac (27 matches en 2011-2012). Il a poursuivi sa carrière à Beauvais, Bourges, Vierzon et enfin Créteil où il n'a joué que 3 matches la saison passée et n'a pas encore joué cette saison.
Fred Salem Gabou a eu parcours chargé : il part de l'Estac en 2012 pour Jura Sud, puis Sénart-Moissy en 2014, Virton en Belgique en 2015, KVV Coxyde en 2016. Il revient ensuite en France à Jura Dolois avant de partir à Concarneau; il repart ensuite en Belgique pour La Louvière avant de revenir au Lusitanos et enfin de repartir à La Louvière en 2021 où il joue toujours.
Hakim Jebali est parti de l'Estac en 2012 pour Saint-Pryvé avant de partir pour Saran où il a arrêté sa carrière en 2015 apparemment.
Ali Lebrazi a quitté l'Estac à la fin de cette saison 2010-2011 pour le ASSRC. Il rejoint ensuite Saint-Quentin 2 saisons avant de revenir à Troyes, au FCA Troyes, puis FCMT, puis à La Chapelle où il est éducateur U16 R1.
Mickaël Barreto a été prêté par l'Estac à Fréjus puis Cannes, puis est revenu à Troyes jusqu'au titre de 2015 (1 match de championnat, 1 match de coupe), il part pendant la saison à Avranches, rejoint ensuite Orléans pour 2 saisons, puis Auxerre 3 saisons et Ajaccio où il entame sa 3e saison actuellement en 2022-2023.
Romain Tharradin avait joué 10 matches de National (2 passes décisives) avec l'Estac mais n'a pas confirmé. Durant la saison 2011-2012 il part à Bayonne, puis Romorantin avant de revenir à Bar sur Seine durant la saison. Après une saison à Sézanne, il revient à Bar sur Seine en 2014-2015, où il joue toujours, en 8e division.
Comme Tharradin, Vieillot a été lancé avec l'équipe première en National (18 matches, 4 buts, 1 passe décisive). Cette saison 2010-2011, il quitte l'Estac pour jouer en National à Beauvais. Il part ensuite à Marly le Roi où il jouait encore la saison passée, en 2021-2022.
Lahcen Mounass venait de Jarville. Il ne joue qu'une saison à l'Estac avant de repartir à Jarville. Il rejoint ensuite Sarre-Union, Mulhouse, à nouveau Sarre-Union, avant de rejoindre en 2016 Pagny, où il joue toujours, en 6e division (4 buts en 3 matches).
Et enfin, Junior M'Pia Mapuku :
Formé à Sedan puis à l'AS Monaco, il est exclu du centre de formation pour son indiscipline. Il part ensuite à Amiens, puis Troyes en 2010-2011. Il rebondit à Sainte-Geneviève avant de partir en janvier 2012 au Panachaïki en Grèce.
Il rentre en France à Compiègne, avant de partir pour Beroe en Bulgarie, dans la ville de Stara Zagora en mars 2014.
Il part la saison suivante au Wadi Degla en Egypte, en septembre 2015, en même temps que Florent Malouda.
Il part ensuite pour le Bandirmaspor en 2e division turque.
Il quitte le club en août 2016 avant de revenir en Bulgarie à Beroe en octobre puis au Levski Sofia (juillet 2017).
En février 2018 il part au SJZ Ever Bright (devenu Cangzhou Mighty Lions) où joue déjà l'ancien Strasbourgeois Jacob Mulenga.
En janvier 2019 il rejoint le Dunarea Calarasi en Roumanie.
En août 2019, il part dans le club d'Al-Shorta SC en Irak, à Bagdad. Il déclare ” Je suis venu pour l’argent…pour gagner de l’ argent mais je suis accueilli comme un roi…” au journal irakien Al-Zawara.
En juillet 2020, il part jouer pour Al-Shoalah en Arabie Saoudite et 1 an plus tard en 2021 il rejoint Ratchaburi FC en Thaïlande, qu'il quitte un mois plus tard.
En octobre 2021, on le retrouve de nouveau en Bulgarie, au Slavia Sofia.
En mars 2022, il signe à Al-Faisaly en Arabie Saoudite jusqu'en juin.
En octobre 2022, sans club, il signe au Sheikh Russel KC, au Bangladesh, club avec lequel il a participé à la première journée de championnat, hier 10 décembre 2022, avec une défaite 1-2 à domicile contre le club de Bangladesh Police FC.
En 2017, il donnait une interview à Onze Mondial dans laquelle il disait son souhait de jouer pour le Congo, tout en revenant sur son parcours très atypique :
https://www.onzemondial.com/etranger/22 ... vski-sofia
"À seulement 27 ans, Junior M'Pia Mapuku a pas mal bourlingué. Le natif de Kinshasa a (déjà) connu la France, la Grèce, la Bulgarie, la Turquie et l’Égypte. Aujourd'hui au Levski Sofia, celui qui était annoncé comme le futur de l'AS Monaco est décidé à s'imposer dans l'un des plus grands clubs de la Parva League. Interview.
Peux-tu présenter ton parcours ?
J'ai été formé à Sedan. J'ai vécu deux belles années dans mon club formateur avant d'être recruté par l'AS Monaco. Au bout de cinq mois, l'ASM m'a viré à cause de mon comportement. J'ai ensuite signé un contrat stagiaire-pro à Amiens. J'ai été une fois de plus renvoyé pour des raisons disciplinaires. De là, tout le monde m'a présenté comme un "enfant terrible". Surtout dans la presse. Après ces mésaventures, j'ai décidé d'arrêter le football durant six mois. Mon ancien agent m'a ensuite recontacté et dit : "Junior, j'ai un essai un peu spécial pour toi, à Troyes". En réalité, ce n'était pas un essai mais une détection qui réunissait plus de 60 joueurs. J'ai quand même tenté ma chance. Après plusieurs tours, ils n'ont retenu qu'un joueur : c'était moi. J'ai signé un contrat amateur à l'ESTAC. Je m'entraînais avec les pros et jouais en CFA. À Troyes, j'ai rencontré de nombreux agents qui me tournaient autour dont Marco Simone.
Comment s'est déroulée ta rencontre avec Marco Simone ?
En fait, Il est venu sur Troyes pour voir un de ses joueurs, Eric Marester. Et avant de partir, Eric lui a dit : "Marco, il y a un jeune joueur qui s'entraîne avec nous, il est trop fort mais il ne joue pas. Il faut l'observer, demain, il va jouer avec la CFA". Il a accepté de venir me voir avec la réserve. Et à la fin du match, il m'a dit : "À partir d'aujourd'hui, je vais m'occuper de toi". Il a ensuite appelé la direction du club : "Vous comptez faire quoi de Junior ?". Le président a répondu : "Il est dans nos plans, il va signer pro en octobre". J'ai donc continué à bosser et faire mes gammes. J'étais bien. Puis, en octobre, rien du tout. Les dirigeants m'ont dit : "Il faut que tu attendes la saison prochaine pour signer, on veut continuer à te voir". Et là, Marco a dit : "Vous avez promis octobre, il faut tenir parole sinon je vais le proposer ailleurs". Derrière, Marco m'a envoyé à l'essai à l'Olympique de Marseille. Là-bas, j'ai mis le feu d'entrée, tout se passait super bien (il coupe)...
Et pourquoi tu n'as pas signé ?
Bah, c'était bizarre en fait. José Anigo m'a convoqué dans son bureau et dit : "Écoute, si tu veux signer chez nous, tu dois te séparer de Marco Simone. Lui, il ne passe pas chez nous". Bref, il m'a raconté plein de trucs pas très clairs. Directement à la fin de la conversation, j'ai appelé Marco : "Eh, Anigo m'a dit ça, ça et ça". Il m'a demandé de rentrer à Troyes. Et en fait, pour aller à Marseille, j'avais dit aux dirigeants troyens que je devais rendre visite à ma mère qui ne se sentait pas bien. L'entraîneur de la réserve de Troyes a appris par sa fille qui était fan de l'OM qu'en réalité, j'étais parti à Marseille. Le coach qui m'a relancé s'est rendu compte que j'avais menti. Du coup, ils m'ont mis de côté. Finalement, lorsque j'ai compris que Marco Simone n'était pas très apprécié dans le monde du football, j'ai décidé de m'éloigner de lui.
Les voyages ont ensuite commencé pour toi...
Exactement. J'ai rallié la Grèce en 2011. J'ai bien cartonné là-bas, j'ai ensuite fait un essai à Tours. Je devais signer mais à la dernière minute, ça ne s'est pas fait. Entre temps, mon père est décédé. J'ai donc décidé d'arrêter le football à nouveau. Et puis mon agent actuel, Walid Bouchenafa, m'a contacté pour me dire : "Pourquoi tu ne tentes pas ta chance en Bulgarie ?". Avec son associé, ils m'ont tendu la main alors que je vivais une période délicate. Dieu merci. Je me suis rapidement imposé en Bulgarie, je plantais des buts, tout était top. En plus, j'ai pu goûter à l'Europa League, je ne pouvais pas rêver mieux. Et puis, j'ai reçu une belle offre provenant d’Égypte à Wadi Degla. Je jouais avec Florent Malouda sous la direction de Patrice Carteron. Je ne me sentais pas trop bien là-bas, l'Afrique, ce n'est pas trop mon truc. Financièrement, c'était bien mais c'était vraiment dur.
Tu as donc encore changé de club ?
Oui. J'ai été transféré en Turquie. Les agents qui m'ont amené là-bas m'ont menti. Ils m'ont dit : "Tu vas signer dans un club qui vient juste de descendre en D2". Alors que pas du tout ! En fait, c'était un club de D3 qui montait en D2. Les installations étaient vraiment catastrophiques. En plus, ils m'avaient assuré qu'Istanbul se trouvait à seulement une heure. Ce n'était pas vrai, Istanbul était à six heures. En plus de ça, le jour de la signature, je suis rentré dans le bureau, il y avait 10 agents. Une histoire pas possible. Ce n'était vraiment pas clair. Je me suis dit : "Mais ce n'est pas sérieux, c'est quoi le délire ?". J'ai fait deux mois dans le club et j'ai conclu que je ne pouvais pas continuer. Une heure avant le début des matchs, on n'avait toujours pas le maillot officiel. Plein de trucs comme ça m'ont fait craquer. J'ai été voir le président pour lui dire : "Je vous rends votre argent, laissez-moi partir s'il vous plaît". Au départ, il ne voulait pas. Il a ensuite accepté. Je suis retourné dans mon club en Bulgarie à Béroé.
Et tu as réalisé un retour fracassant...
En huit mois, j'ai mis 12 buts et délivré 4 passes décisives. Béroé a fait une énorme erreur puisqu'ils m'ont fait signer un contrat de seulement huit mois. Comme j'étais libre, le Levski Sofia est venu me recruter. Et tout va bien. Je m'apprête à vivre une belle saison.
Pour revenir à ton passage en France, pourquoi as-tu été viré de Monaco et Amiens ?
Oui. Et de Troyes aussi (sourire).
Mais comment ça se fait ?
Je ne vais pas te mentir : j'étais un peu fou. Je répondais au coach, tout ce qui me passait par la tête, je le faisais. Si un jour, je ne voulais pas aller à l’entraînement, je n'y allais pas. Je vais te raconter mon histoire à Monaco. Une fois, à l'entraînement, le coach m'a dit : "Il faut que tu jongles ensuite tu tires la balle en l'air, tu fais une galipette au sol puis tu la récupères avant qu'elle ne touche le sol". Moi j'ai dit : "Mais pourquoi il veut que je fasse ça lui ? Je me prépare à jouer un match pas à faire du cirque". Donc moi, je n'ai pas fait ce qu'il a demandé. Et il s'est énervé, il a crié : "Junior". Quand il a fait ça, je l'ai regardé, j'ai pris le ballon et je l'ai tiré en sa direction hyper fort. Je lui ai ensuite dit : "Arrête de crier mon prénom". Il m'a coursé dans tout le centre d'entraînement. Je suis parti me réfugier dans le centre de formation. Le directeur du centre, Dominique Bijotat, m'a convoqué dans son bureau et m'a dit : "Tu es considéré comme l'un des espoirs du club, tu as un gros contrat et tu te permets de foutre le ¤#*ù^. Pourquoi tu fais ça ? C'est quoi le problème ? On te laisse une dernière chance mais il faut que tu t'excuses." J'ai refusé de m'excuser et j'ai été renvoyé. À Amiens, pareil. Je répondais, je n'allais pas à l'école, je refusais d'ouvrir la porte de ma chambre aux surveillants, je sortais la nuit, j'allais sur Paris... Mais à chaque fois, j'ai réussi à rebondir.
Tu dois regretter ces erreurs...
Oui. Avec l'âge, je me suis rendu compte que j'ai gâché mon début de carrière. Lorsqu'un club comme Monaco te dit : "Tu es l'espoir du club", ce n'est pas rien. J'étais surclassé, je jouais avec la génération de Jérémy Ménez alors que j'étais plus jeune de trois ans. Je regrette énormément tout ça. Mais je n'étais pas encadré. Je n'avais pas de grand frère comme les autres ou un père qui est toujours là. J'ai toujours été seul. Ça n'a pas été toujours évident pour moi.
Quel est ton style de jeu ?
Je suis un joueur puissant, explosif, rapide et à l'aise techniquement malgré ma grande taille. Franchement, balle au pied, je peux tout faire.
Tu as des exemples ?
Bien sûr. J’apprécie énormément Samuel Eto'o et Zlatan Ibrahimovic. Je me suis beaucoup inspiré d'eux.
Tu viens de réaliser une belle saison. Quels sont tes objectifs pour celle à venir avec le Levski Sofia ?
J'ai des objectifs personnels assez élevés. L'an dernier, j'ai fini quatrième au classement des buteurs sans avoir disputé la saison dans son intégralité. Cette année, je vise le titre de meilleur buteur. Je suis attendu au tournant, à moi de confirmer. C'est mon premier gros club avec une belle exposition. Je sais ce qu'il me reste à faire. En plus de ça, on va jouer l'Europa League. Je vais tout faire pour qu'on me remarque.
Tu aimerais revenir dans un grand championnat européen ?
J'ai été contacté par des clubs qui viennent de monter en Ligue 1. J'aurais pu revenir en France. Mais j'ai privilégié la Bulgarie pour l'Europa League et le temps de jeu. Je veux enchaîner les matchs et les buts. Après ça, on verra si j'ai l'opportunité de revenir dans un grand championnat comme la Ligue 1, la Liga ou encore la Jupiler League. En parallèle, je rêve aussi de l'équipe nationale.
Tu as été surnommé le "nouveau Djibril Cissé". Il vient d'où ce surnom ?
C'était lorsque j'étais en Grèce. En fait, j'avais une coupe de cheveux un peu spéciale et dès que je marquais des buts, je faisais des saltos. Et comme Cissé est passé par la Grèce, ils ont directement fait allusion à lui.
La République Démocratique du Congo est performante depuis quelques mois. Tu dois en avoir envie...
Bien sûr. Je suis né là-bas, c'est normal. Je n'oublie pas d'où je viens. Mais avant, je n'étais pas assez exposé pour postuler à une place en sélection. Désormais, j'évolue dans un grand club. Le Levski Sofia peut me permettre d'accéder à la sélection. Ça ne dépend que de moi. À moi d'être performant.
Le sélectionneur, Florent Ibengue te suit ?
Franchement, je n'en ai aucune idée. Je ne sais pas s'il me connaît. Je vais tout faire pour. J'ai déjà été appelé avec les espoirs lorsque je jouais à Monaco. À la suite de petits problèmes, je n'ai pas pu rejoindre la sélection.
As-tu un message pour le sélectionneur ?
Oui. Le Congo est mon pays. Je rêve de représenter les couleurs de ma nation. Ce serait un honneur pour moi de porter le maillot de la RDC durant ma carrière. Je n'oublie pas mes valeurs et ma culture. J'espère qu'il va entendre mon message et commencer à me regarder de plus près.
Avec Bolasie, Bakambu, Mbokani... Il y a quand même des bons joueurs à ton poste.
Oui mais je n'ai pas peur de la concurrence. Justement, elle fait évoluer. Et puis, si je suis ici en Bulgarie, beaucoup de gens le savent, c'est à cause de mes erreurs de jeunesse. Sinon, je ne serais pas ici. Après voilà, le ballon est là, il ne se perd pas. Je garde toujours mes qualités.
Tu dois rêver du Mondial 2018...
C'est sûr. D'abord j'espère qu'on se qualifiera, ensuite on verra. Mais oui, ce serait incroyable de participer à une Coupe du Monde. Mais je ne me fais pas de film dans ma tête. C'est la loi du terrain. Si tu es bon, tu seras appelé. Sinon, tu restes chez toi. Je laisse ça dans un coin de ma tête.
As-tu des choses à ajouter ?
Non. On a fait le tour. Je veux juste remercier Walid (Bouchenafa) et Maez parce que c'est grâce à eux que je suis là. Moi, je ne suis pas un hypocrite. Je n'oublie pas qui m'a sorti de mes problèmes. Donc je resterai avec eux jusqu'au bout.
[ Au Levski Sofia, en 2017-2018, il met 9 buts en 26 matches : 6 en championnat en 19 matches, 1 en coupe en 3 matches, et 2 en coupe d'Europe en 4 matches ].
En 2019 il participe à la CAN des quartiers à Créteil, et donne une interview au Parisien (https://www.leparisien.fr/sports/ile-de ... 083338.php)
L’attaquant professionnel du club bulgare du Levski Sofia a disputé la Coupe d’Afrique des nations des quartiers avec le Congo à Créteil. Un vrai succès populaire.
Par Stéphane Corby
Le 30 mai 2019 à 21h25, modifié le 31 mai 2019 à 08h26
Sur le synthétique du stade Duvauchelle, il était le joueur le plus capé. Passé par Monaco, Troyes et Amiens, le Congolais Junior M'Pia Mapuku, 29 ans, sort d'une saison en Chine (au Shijiazhuang Ever Bright FC) et s'apprête à retourner au Levski Sofia (L 1 bulgare). Mélanger des joueurs pros et amateurs, c'est aussi ça le charme de la CAN (Coupe d'Afrique des nations) des quartiers qui a enflammé Créteil jeudi après-midi à l'occasion des demi-finales Congo-Tunisie et Maroc-Algérie. Les images d'un dribble de l'attaquant, contre le Maroc en phase de poules, avaient affolé la toile avec près d'un million de vues.
Votre incroyable action contre le Maroc a fait un carton sur les réseaux sociaux. Vous y attendiez-vous ?
JUNIOR M'PIA MAPUKU. C'est complètement fou et je m'excuse sincèrement pour mon ami marocain. On a tous grandi dans les quartiers et c'est le type d'action qu'on apprend en foot en salle. Ces matchs de CAN, c'est beaucoup de petits jeux et avant tout du spectacle, alors on s'éclate !
Quel est l'intérêt pour un joueur comme vous d'être présent sur ce type d'événement ?
Mais ma place est ici plus qu'ailleurs. Je suis originaire d'un quartier de l'Essonne à Grigny, j'ai commencé le foot à Sainte-Geneviève, puis joué à Viry-Châtillon avant de partir dans les clubs pros. Mais mes amis sont toujours ici sur le terrain. Venir décompresser avec les potes, c'est ce qui me rend heureux. Regardez cette ambiance, les gens viennent de partout, pas uniquement de Créteil. On donne du bonheur aux gens et ils nous le rendent bien.
Vous avez disputé la Ligue Europa avec Sofia. Le plaisir est-il le même ?
Non, c'est plus fort ici. Sincèrement, je me répète, c'est du vrai kif (sic).
Le Congo menait 2-0 avant d'encaisser trois buts en fin de match. Êtes-vous déçu de cette élimination ?
Non, c'est le foot… J'ai pris vraiment beaucoup de plaisir et bravo aux Tunisiens."
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