Re: [Fil rouge] L'ESTAC et le City Football Group
Posté : 21 juil. 2021, 19:55
Laurent Batlles (Troyes) et les rumeurs de départ : « Je me suis un peu protégé »
L'entraîneur de Troyes Laurent Batlles affirme avoir dû prendre du recul sur les bruits de couloir le concernant pour un départ et se tourner désormais vers le maintien dans l'élite avec le champion de L2.
Sébastien Buron, à Troyes
mis à jour le 21 juillet 2021 à 18h27
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À 45 ans, il est l'un des entraîneurs en vogue après avoir permis à Troyes d'être sacré en L2 la saison dernière grâce à un football chatoyant. Courtisé, Laurent Batlles se prépare à débuter la saison de Ligue 1 avec le promu, et c'est au centre d'entraînement du club de l'Aube que nous l'avons rencontré mardi. Et si l'Estac appartient au City Football Group, puissante holding dirigeant dix clubs dont Manchester City, son coach attend des recrues pour mener à bien sa mission.
« Deux ans comme numéro 1 avec Troyes, une accession en L1 : vous attendiez-vous à une réussite si rapide ?
On ne s'y attend pas, on essaie d'imposer et de construire certaines choses. Quand je suis parti de Saint-Étienne, j'ai quitté une équipe réserve pour entraîner une équipe première. Je voulais voir si j'avais la capacité de prendre un groupe pro. Je suis arrivé dans un club où il y avait de l'ambition, pas beaucoup de moyens ni une énorme pression de montée. La mayonnaise a pris et les cadors de L2 n'étaient pas là la saison dernière. C'était peut-être l'année où il fallait monter.
Quel sentiment prédomine avant la découverte de l'élite ?
Ce n'est pas de l'excitation, pas de l'inquiétude, juste l'envie de débuter. C'est aussi d'avoir acquis cette montée à la régulière et la volonté d'essayer de se maintenir et de performer avec notre façon de jouer.
Votre façon de jouer, avec votre 3-4-3 en losange, a été saluée, mais serez-vous prêt à changer si elle ne marche pas en L1 ?
Avec le staff, on s'est penché sur des choses qui peuvent nous permettre de changer tactiquement. Après, je ne dirais pas que je suis prêt à beaucoup changer, car les joueurs s'approprient aussi le système, et quand on les recrute, c'est pour un certain système. Mais je ne suis pas fou. En fonction de ce qui se passera, on s'adaptera.
Où en est votre équipe aujourd'hui ?
Wouah (rires). Il y a énormément de travail. On a une ossature de joueurs qui n'est pas encore prête. Il y a eu pas mal de départs, des joueurs doivent arriver, et d'autres ne savent pas encore s'ils vont rester ou partir.
« Ce que City Group a fait à Manchester City, ça n'existera jamais ici »
Combien de joueurs vous manque-t-il ?
Le club le sait, six ou sept, des titulaires comme des joueurs de complément. Il va falloir avancer. Août sera très compliqué (réceptions du PSG et de Monaco notamment), il faudra être prêt. Mais pour ça il faut travailler à l'entraînement avec ton effectif.
Avez-vous reçu des garanties de la direction ?
Pas plus que ça. Je pense qu'ils se sont rendu compte que le niveau de la L1 était beaucoup plus important. Ils savent qu'il faut prendre des joueurs qui connaissent bien la L1 et peuvent nous permettre d'être performants dans les moments difficiles.
lire aussi
City Football Group, une méthode décryptée
C'est le cas de Renaud Ripart ?
Oui, je l'avais ciblé. Il peut jouer à plusieurs postes, mais je le veux attaquant.
Quel profil de joueurs vous intéresse ?
Des joueurs ayant du caractère, qui ont pu être capitaine, performants et capables d'apporter une plus-value à l'équipe comme aux joueurs présents l'année dernière. Jessy Moulin(l'ancien gardien stéphanois a signé mardi pour deux ans) correspond aussi à ce profil.
Ne craignez-vous pas que trop de jeunes arrivent, envoyés par City Group, et que Troyes serve à les développer pour...
(Il coupe.) Ce n'est pas ce qui est prévu. Aujourd'hui, c'est vrai, un ou deux sont arrivés (le piston Issa Kaboré [20 ans] a été prêté par Manchester City, le milieu Metinho [18 ans], dont l'arrivée est l'imminente, et l'attaquant Mykola Koukharevitch [20 ans] ont été repérés par City Group). Moi, ce n'est pas ce que j'ai dit au directeur sportif (François Vitali) ou au board anglais. Faire venir des jeunes joueurs n'est pas un problème. Ce qui est prévu, c'est d'avoir une équipe compétitive pour les intégrer et les faire performer.
lire aussi
Pourquoi le City Group a racheté Troyes
Est-ce encore plus stimulant d'entraîner un club appartenant à City Group (valorisé entre 4 à 5 milliards de dollars) ?
Ce n'est pas parce que vous êtes de City Group que vous avez une manne financière énorme pour mettre 10, 20, 30 millions sur des joueurs. Ce que City Group fait à Manchester City, ça n'existera jamais ici. Ce n'est pas le même fonctionnement. Ici, c'est un fonctionnement pour accompagner l'équipe, avec un peu plus de moyens qu'avant.
Vous êtes toujours là, mais avez-vous été fier d'avoir été convoité (Saint-Étienne, Montpellier, Toulouse, Bordeaux) ?
Non, ce n'est pas de la fierté. Le plus important, pour moi, c'est d'essayer de prouver qu'il y a du contenu niveau football dans ce que je propose et ce qu'on propose. Après, si les gens me disent : "C'est important qu'on vienne te chercher car on aimerait avoir la même chose"... Ça fait partie du métier d'être convoité quand on a des résultats. Je n'y réfléchis pas trop.
Mais être convoité est une récompense du travail effectué. Il y a des raisons d'en être fier, non ?
Oui, mais c'est justement... (Il reformule.) Quand on me dit : "Ton équipe joue comme ça, elle a un système particulier", c'est ça qui est intéressant. Les gens s'identifient à l'entraîneur car il joue d'une certaine façon. Mais il faut aussi que ce soit fait pour gagner, pas juste pour montrer qu'on est meilleur qu'un autre. Je n'ai pas cette prétention.
«Si des choses avaient dû se finaliser à un moment, ce serait fait »
Ces rumeurs vous ont fatigué ?
Non, mais je n'étais pas habitué. Enfin je l'étais en tant que joueur mais pas en tant qu'entraîneur.
Ça change quoi ?
Pas grand-chose. Beaucoup de choses sont dites dans ce milieu. Mais tant que rien n'est effectif et qu'il n'y a pas de contrat derrière, je ne me suis jamais formalisé. Je me suis un peu protégé, je ne le cache pas. Et il fallait protéger l'équipe et le club.
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Protéger, c'est-à-dire ?
En ne répondant pas aux questions, ni aux rumeurs. Si des choses avaient dû se finaliser à un moment donné, ça se serait fait. Je préférais rester dans ma façon de voir les choses que de parler à tout va.
Les joueurs comptent sur vous, vous ne les quitterez donc pas cet été ?
Je suis content d'être là, j'ai deux ans de contrat. Je n'ai pas une ambition démesurée à dire... (Il bifurque.) Essayer de me maintenir avec Troyes, dans une façon de voir le football, de mettre en difficulté les équipes adverses, c'est ça qui est intéressant. Ce n'est pas de partir trop vite, n'importe où, et de se dire : "Je vais à l'étranger ou dans un club plus huppé en France avec plus de moyens". Car tu as aussi plus d'attente, de pression. Là, j'ai mes attentes à moi. »
L'entraîneur de Troyes Laurent Batlles affirme avoir dû prendre du recul sur les bruits de couloir le concernant pour un départ et se tourner désormais vers le maintien dans l'élite avec le champion de L2.
Sébastien Buron, à Troyes
mis à jour le 21 juillet 2021 à 18h27
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À 45 ans, il est l'un des entraîneurs en vogue après avoir permis à Troyes d'être sacré en L2 la saison dernière grâce à un football chatoyant. Courtisé, Laurent Batlles se prépare à débuter la saison de Ligue 1 avec le promu, et c'est au centre d'entraînement du club de l'Aube que nous l'avons rencontré mardi. Et si l'Estac appartient au City Football Group, puissante holding dirigeant dix clubs dont Manchester City, son coach attend des recrues pour mener à bien sa mission.
« Deux ans comme numéro 1 avec Troyes, une accession en L1 : vous attendiez-vous à une réussite si rapide ?
On ne s'y attend pas, on essaie d'imposer et de construire certaines choses. Quand je suis parti de Saint-Étienne, j'ai quitté une équipe réserve pour entraîner une équipe première. Je voulais voir si j'avais la capacité de prendre un groupe pro. Je suis arrivé dans un club où il y avait de l'ambition, pas beaucoup de moyens ni une énorme pression de montée. La mayonnaise a pris et les cadors de L2 n'étaient pas là la saison dernière. C'était peut-être l'année où il fallait monter.
Quel sentiment prédomine avant la découverte de l'élite ?
Ce n'est pas de l'excitation, pas de l'inquiétude, juste l'envie de débuter. C'est aussi d'avoir acquis cette montée à la régulière et la volonté d'essayer de se maintenir et de performer avec notre façon de jouer.
Votre façon de jouer, avec votre 3-4-3 en losange, a été saluée, mais serez-vous prêt à changer si elle ne marche pas en L1 ?
Avec le staff, on s'est penché sur des choses qui peuvent nous permettre de changer tactiquement. Après, je ne dirais pas que je suis prêt à beaucoup changer, car les joueurs s'approprient aussi le système, et quand on les recrute, c'est pour un certain système. Mais je ne suis pas fou. En fonction de ce qui se passera, on s'adaptera.
Où en est votre équipe aujourd'hui ?
Wouah (rires). Il y a énormément de travail. On a une ossature de joueurs qui n'est pas encore prête. Il y a eu pas mal de départs, des joueurs doivent arriver, et d'autres ne savent pas encore s'ils vont rester ou partir.
« Ce que City Group a fait à Manchester City, ça n'existera jamais ici »
Combien de joueurs vous manque-t-il ?
Le club le sait, six ou sept, des titulaires comme des joueurs de complément. Il va falloir avancer. Août sera très compliqué (réceptions du PSG et de Monaco notamment), il faudra être prêt. Mais pour ça il faut travailler à l'entraînement avec ton effectif.
Avez-vous reçu des garanties de la direction ?
Pas plus que ça. Je pense qu'ils se sont rendu compte que le niveau de la L1 était beaucoup plus important. Ils savent qu'il faut prendre des joueurs qui connaissent bien la L1 et peuvent nous permettre d'être performants dans les moments difficiles.
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Oui, je l'avais ciblé. Il peut jouer à plusieurs postes, mais je le veux attaquant.
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Ne craignez-vous pas que trop de jeunes arrivent, envoyés par City Group, et que Troyes serve à les développer pour...
(Il coupe.) Ce n'est pas ce qui est prévu. Aujourd'hui, c'est vrai, un ou deux sont arrivés (le piston Issa Kaboré [20 ans] a été prêté par Manchester City, le milieu Metinho [18 ans], dont l'arrivée est l'imminente, et l'attaquant Mykola Koukharevitch [20 ans] ont été repérés par City Group). Moi, ce n'est pas ce que j'ai dit au directeur sportif (François Vitali) ou au board anglais. Faire venir des jeunes joueurs n'est pas un problème. Ce qui est prévu, c'est d'avoir une équipe compétitive pour les intégrer et les faire performer.
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Est-ce encore plus stimulant d'entraîner un club appartenant à City Group (valorisé entre 4 à 5 milliards de dollars) ?
Ce n'est pas parce que vous êtes de City Group que vous avez une manne financière énorme pour mettre 10, 20, 30 millions sur des joueurs. Ce que City Group fait à Manchester City, ça n'existera jamais ici. Ce n'est pas le même fonctionnement. Ici, c'est un fonctionnement pour accompagner l'équipe, avec un peu plus de moyens qu'avant.
Vous êtes toujours là, mais avez-vous été fier d'avoir été convoité (Saint-Étienne, Montpellier, Toulouse, Bordeaux) ?
Non, ce n'est pas de la fierté. Le plus important, pour moi, c'est d'essayer de prouver qu'il y a du contenu niveau football dans ce que je propose et ce qu'on propose. Après, si les gens me disent : "C'est important qu'on vienne te chercher car on aimerait avoir la même chose"... Ça fait partie du métier d'être convoité quand on a des résultats. Je n'y réfléchis pas trop.
Mais être convoité est une récompense du travail effectué. Il y a des raisons d'en être fier, non ?
Oui, mais c'est justement... (Il reformule.) Quand on me dit : "Ton équipe joue comme ça, elle a un système particulier", c'est ça qui est intéressant. Les gens s'identifient à l'entraîneur car il joue d'une certaine façon. Mais il faut aussi que ce soit fait pour gagner, pas juste pour montrer qu'on est meilleur qu'un autre. Je n'ai pas cette prétention.
«Si des choses avaient dû se finaliser à un moment, ce serait fait »
Ces rumeurs vous ont fatigué ?
Non, mais je n'étais pas habitué. Enfin je l'étais en tant que joueur mais pas en tant qu'entraîneur.
Ça change quoi ?
Pas grand-chose. Beaucoup de choses sont dites dans ce milieu. Mais tant que rien n'est effectif et qu'il n'y a pas de contrat derrière, je ne me suis jamais formalisé. Je me suis un peu protégé, je ne le cache pas. Et il fallait protéger l'équipe et le club.
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Protéger, c'est-à-dire ?
En ne répondant pas aux questions, ni aux rumeurs. Si des choses avaient dû se finaliser à un moment donné, ça se serait fait. Je préférais rester dans ma façon de voir les choses que de parler à tout va.
Les joueurs comptent sur vous, vous ne les quitterez donc pas cet été ?
Je suis content d'être là, j'ai deux ans de contrat. Je n'ai pas une ambition démesurée à dire... (Il bifurque.) Essayer de me maintenir avec Troyes, dans une façon de voir le football, de mettre en difficulté les équipes adverses, c'est ça qui est intéressant. Ce n'est pas de partir trop vite, n'importe où, et de se dire : "Je vais à l'étranger ou dans un club plus huppé en France avec plus de moyens". Car tu as aussi plus d'attente, de pression. Là, j'ai mes attentes à moi. »