Le Yévrois Benjamin Nivet, a fêté ses 40 ans : interview
Modèle de longévité, Benjamin Nivet a franchi la barre symbolique des 40 ans, ce lundi 2 janvier. Pour l’occasion, le milieu offensif de Troyes (L2), doyen des footballeurs professionnels français en activité, a répondu à notre interview spéciale “quadra”.
À 40 ans, est-ce qu'il y a toujours autant d'adrénaline et de plaisir ?
Oui, toujours autant. Sinon je ne serais plus sur le terrain à cet âge-là ! Après, il y a moins la boule au ventre avant les matches. Et c'est mieux comme ça. Il y a toujours la pression nécessaire pour être bon, performant. Mais plus de stress.
À 40 ans, est-ce qu'il y a des choses qu'on fait mieux qu'avant ?
Appréhender un match, déjà. L'avant-match, je le gère mieux qu'avant. Et puis, sur le terrain, je sens mieux les coups. J'essaie d'être surtout dans l'efficacité, de faire les courses utiles. Dans la gestion des matches, des temps morts des temps faibles, c'est mieux. À 40 ans, on est moins chien fou. Et puis, si on rate deux ou trois passes d'affilée et que le public se met à siffler, on y fait moins attention…
« On ne m'appelle pas papy dans le vestiaire »
À 40 ans, est-ce qu'il y a toujours de la motivation pour aller à l'entraînement sous la pluie ou dans le froid ?
Oui, et c'est pour ça que je continue ! Le foot est une passion et la motivation est toujours là. Après, à Troyes, il y a un bon groupe, un bon staff, et ça aide à avoir envie d'aller à l'entraînement. L'inverse aurait pu me faire arrêter…
À 40 ans, est-ce qu'il y a des choses qu'on se permet plus qu'avant ?
Non, rien que par respect pour mes partenaires… Je me considère comme un joueur comme un autre malgré mon âge. Après, c'est vrai, je prends plus facilement la parole dans le vestiaire. Mais, ça, ce n'est pas une question d'âge, c'est l'expérience. J'ai plus confiance en moi.
À 40 ans, est-ce que c'est plus difficile physiquement ?
Oui. J'ai perdu un peu au niveau vivacité. Parfois, quand il faut mettre le coup de reins pour un petit crochet, il me manque mes jambes de 20 ans. Après, je n'ai pas régressé en ce qui concerne la VMA (vitesse maximale aérobie). Mais je récupère moins facilement après les matches. Pour y palier, j'ai amélioré mon entraînement invisible. Alimentation, sommeil, boisson… Je fais encore plus attention qu'avant. Mais, à petites doses, je m'autorise quelques excès, parce que ça fait du bien à la tête.
À 40 ans, est-ce qu'on rêve toujours autant ?
Oui, il y a toujours l'ambition de faire des belles choses. Cette saison, je rêve d'un beau parcours en Coupe de France, même si je sais que c'est compliqué quand on est en L2. Et puis je rêve aussi d'une nouvelle montée. Ce n'était pas l'objectif de départ, du coup, ça peut faire une très belle saison !
« Un décalage »
À 40 ans, est-ce qu'on est considéré comme un vétéran ?
On ne m'appelle pas papy dans le vestiaire, mais il y a beaucoup de respect par rapport à ce que j'accomplis. Après, je suis parfois dépassé, notamment au niveau de la musique. Je suis père de trois enfants et certains coéquipiers ont tout juste 20 ans ! Il y a un décalage, mais pas autant que j'aurais pu le croire. Ça, c'est parce que je reste jeune dans ma tête !
À 40 ans, est-ce qu'on s'est déjà dit "il est temps que j'arrête" à la fin d'un match ?
Pas à 40 ans. C'était plutôt il y a 4 ou 5 ans. Mais, depuis, je ne l'ai jamais pensé. Des joueurs comme Ryan Giggs, un exemple, m'ont donné envie d'atteindre cette barre des 40 ans. Mais toujours en étant performant. Il ne s'agit pas d'être sur le terrain pour être sur le terrain. L'objectif, c'est de continuer à apporter à mon équipe. Et je réalise une très bonne première partie de saison.
À 40 ans, est-ce qu'on relativise un peu plus ?
Oui, forcément. Les défaites, les blessures, les mauvais matches… Avant, je me prenais souvent la tête. Après, j'ai aussi beaucoup travaillé là-dessus. J'ai lu quelques livres qui m'ont permis de m'enrichir et d'être plus serein au quotidien.
À 40 ans, est-ce qu'on se dit souvent que ce sont les derniers moments ?
Oui, on y pense… Je suis incapable de dire si ce sont les derniers mois mais je sais que mes heures sont comptées. Alors, j'essaie d'en profiter un maximum. C'est le plaisir avant tout avant de raccrocher. Ma femme s'est lancée dans le champagne, c'est une passion commune et une aventure sympa. Mais, après ma carrière, je vais d'abord essayer de rester dans le foot et voir si ça me plaît autant que d'être joueur. Après, entraîneur, recruteur ou autre chose, je n'en sais rien...
Source :
http://www.lechorepublicain.fr/yevres/s ... 31565.html