Nitarm a écrit : ↑14 févr. 2023, 10:30
Estac : Et maintenant, on change quoi ?
L’Estac a déjà tiré les cartouches du remplacement d’entraîneur, du mercato et du changement d’organisation tactique. Que lui reste-t-il pour sortir de la crise de résultats ? Joueurs, staff et dirigeants pointent une nécessaire prise de conscience.
Par Alan MANGIN
Publié: 13 février 2023 à 22h00
Temps de lecture: 5 min
Le constat est sans équivoque : l’Estac, humiliée à Reims dimanche (4-0) est en déliquescence depuis un mois. En crise dans le jeu, en crise de résultats, en crise dans l’attitude… les Troyens n’y sont pas. « (Dimanche), on n’a pas été agressifs, pas gagné de duels, pointe Yoann Salmier. On n’a rien fait, on n’a rien fait (il répète). » Pourtant, le capitaine a « poussé une gueulante » à la mi-temps. Sans effet en seconde période
Là est peut-être le mal principal de l’Estac : les joueurs ne réagissent pas, malgré les différents avertissements. « Ce que l’on fait, c’est insuffisant, ce n’est pas normal, poursuit le directeur sportif François Vitali. Ce qui est paradoxal, c’est que les joueurs se le disent. Le dire, c’est bien, mais qu’est-ce qu’on fait après ? »
C’est toute la question. Si le constat est clair, les réponses pour y remédier ne le sont pas. Changer d’entraîneur ? Déjà fait. Recruter des joueurs ? Le mercato est passé. Modifier le schéma tactique ? Déjà fait. L’Estac doit donc se dépatouiller pour sortir de l’ornière. Aujourd’hui, pour le staff, les dirigeants et les joueurs, l’issue doit venir de ces derniers, même si les dirigeants ont aussi leur part de responsabilité (lire par ailleurs). « Il doit y avoir une prise de conscience, sinon l’année prochaine on jouera dans un autre championnat ; un championnat dans lequel on n’a pas envie de jouer parce que des gens ont fait les efforts, il y a deux ans, pour monter en première division », souligne Vitali. Mais comment actionner cette prise de conscience ? « Peut-être que ça passera par des choses qui font mal. Il faut avoir sur le terrain des joueurs qui ont envie de jouer, sans parler du fait qu’ils le font bien ou mal. »
Ainsi, celui qui ne sera pas au diapason sera écarté. « Le staff fait les choses avec le plus d’engagement possible, ce qui n’est pas le cas d’une partie de notre vestiaire, pointe le directeur sportif. Il faut être capable d’être responsable. On doit réunir les gens qui veulent maintenir le club. On l’a fait avec beaucoup de pédagogie, d’écoute, de compréhension. On doit peut-être faire différemment. Car quand on est trop dans la pédagogie, les gens ne comprennent pas toujour
L’attitude n’est pas le seul mal
Si, dans le vestiaire de Delaune, Patrick Kisnorbo a prononcé un long discours de manière calme après la débâcle, l’approche devrait se muscler à partir de maintenant. « Oui, peut-être. Je pense qu’il faut mettre les gens qui ont envie d’être responsables. Je ne suis pas convaincu que Reims soit bien meilleur que nous pour perdre 4-0. Perdre, c’est la vie, mais pas comme ça. C’est bien beau de dire qu’on a des joueurs intéressants. Mais ça ne veut pas dire grand-chose si le degré d’investissement n’est pas à la hauteur de ces qualités. » Et Vitali d’ajouter : « C’est un problème d’attitude. Contre Lyon, par périodes, on met de l’intensité, on gagne des duels, on montre des choses intéressantes et puis il y a d’autres moments pendant lesquels on est totalement absents. Le sport de haut niveau, ce n’est pas d’être sur courant alternatif. Et encore, le courant est davantage dans le moins que dans le plus. »
À l’Estac, on estime donc que c’est avant tout l’état d’esprit des joueurs qui doit changer. Mais il y a quand même d’autres maux. En premier lieu le jeu, la tactique, dont sont responsables Patrick Kisnorbo et Érick Mombaerts, très présent au quotidien dans ce registre. L’Estac est dominée outrageusement à chacune de ses sorties, sans que l’entraîneur ne soit capable d’inverser le rapport de force par des réglages tactiques ou des remplacements. À Reims, cette carence était flagrante : les joueurs étaient perdus et sur le banc, Kisnorbo ne les a pas aidés, semblant lui-même perdu. D’ailleurs, le coach australien ne comprend pas pourquoi son équipe ne répond pas à ses demandes dans l’engagement et dans l’agressivité.
Le message de Kisnorbo passe-t-il ?
Son message passe-t-il correctement ? En interne, des joueurs assurent que le groupe est derrière « PK » et ne comprennent pas, non plus, pourquoi ils n’arrivent pas à retranscrire en match ce qui est bien fait à l’entraînement. La barrière de la langue ? Globalement, les joueurs comprennent leur entraîneur, mais il est possible que certains n’osent pas admettre qu’ils ne saisissent pas la totalité des consignes.
Enfin, de l’aveu même de membres du vestiaire, la cohésion d’équipe est déficiente, notamment en raison de l’immaturité d’une partie des joueurs pas très inquiets de leur avenir personnel et de la disparition progressive de cadres (Tardieu et Rami blessés, Gallon mis en concurrence, Ripart sur le banc…). Agoumé, Rony Lopes et Reine-Adélaïde s’affirment... mais ce sont des joueurs prêtés. Il ne reste donc plus que Xavier Chavalerin dont ce n’est pas la nature et Yoann Salmier. « Ok, on a une bonne équipe mais les joueurs jouent chacun de leur côté, individuellement, peste ce dernier. Collectivement, on a une grosse faille, il va falloir régler ça. Sinon, on ne va pas s’en sortir. »