Re: [OFFICIEL] L'ESTAC rachetée par City Football Group
Posté : 22 sept. 2020, 16:09
City Football Group Ce qui attend Troyes Propriétaire de Man City, la holding des Émirats a fait de l’ESTAC son dixième club. Philosophie, mercato, objectifs : FF vous dévoile tous les secrets de ce géant, histoire d’imaginerl’avenir du club aubois. Texte Théo Troude Melbourne City. « Ils vont faire du bon boulot à Troyes. Ils font un super truc ici,àMelbourne. C’esttrès carré ! » Très réfléchi,aussi. Entraîneur des YokohamaMarinos de 2014 à 2017 et deMelbourne City la saison dernière, leFrançaisErickMombaerts ne cesse d’être convaincu par le projet. « Je m’épanouis parce qu’on ne parle que de jeu,de développement de l’intelligence des joueurs, souritl’ancien tacticien du PSG,Cannes ou encore Toulouse. La première chose demandée,incontournable, c’est de mettre en place le “City game’’, ce jeu de City qui privilégie la possession,les offensives, qui cherche à dominer le milieu de terrain et à récupérer le ballon haut. »Dans la lignée de Pep Guardiola au nord de l’Angleterre,le City Football Group impose une philosophie simple, immuable : la beauté avantle résultat.Gérone a notamment ébloui laLiga en dépit de moyens limités. « Contrairement à beaucoup, on envisage le rapport de force d’abord sur le plan offensif,poursuit Mombaerts, un nom extrêmement reconnu dans le monde de la formation.La plupart des entraîneurs disent qu’ils ne peuvent pas mettre en place ce style de jeu parce qu’ils n’ont pas suffisamment d’individualités de talent.On n’accepte pas cette réponse-là.On y va, quels que soientles joueurs à disposition.Ça change fondamentalementl’approche etla méthodologie employées. » « ILS SONTPATIENTS » L’ESTAC va-t-elle devenir du coup l’équipe la plus séduisante deLigue 2 ? Si le coach Laurent Batlles a confié à L’Est éclairque le domaine du jeu lui « appartenait » toujours,le CFG devrait laisser le temps à son entraîneur de revenir sur le droit chemin. « C’est une chance énorme de travailler avec le groupe parce qu’il donne sa confiance,assureMombaerts.Les dirigeants restent patients, ils saventtrès bien qu’un certain temps reste nécessaire pour instaurer ce type de jeu. » Une gestion sereine,même si le City Football Group contrôle en plaçant progressivement seshommes au sommet de la hiérarchie. « Un représentant du City Group vient à tous les déplacements », révèle Mohamed Larbi,de retour en France,à Cholet (National),après une courte aventure au Mumbai FC. Troyes a d’ailleurs communiqué, le 10 septembre,le nom du nouveau président du club et de son conseil d’administration : Simon Cliff.Ancien avocat en finance d’entreprise à Londres, cet Anglais de 44 ans occupait depuis 2009 le poste de directeur juridique du CFG.Le «C’estle groupe le plus puissant du monde,il pèse 5 milliards d’euros. » HugoBoumous présente son nouvel employeur.Le buteur Franco-Marocain,dernière recrue du Mumbai FC,filiale indienne du City Football Group, n’a pashésité longtemps avant de rejoindre une galaxie en expansion. «Ce qu’ils ont réalisé dans le football,personne ne l’a encore aussi bien réussi.Et en plus, ils regardent vers le futur. »Propriétaire à 100% deManchester City, la holding créée en 2008 est partie à la conquête de la planète.Chine,États-Unis, Japon,Australie,Uruguay...Dix clubs arborent aujourd’hui l’étiquette CFG (voir infographie). Dernier en date : un club deLigue 2, l’Espérance Sportive Troyes Aube Champagne (ESTAC), pour enfin s’implanter en France et y commercialiser la marque City.Le 3 septembre, la société a racheté les parts de l’ancien propriétaire,Daniel Masoni.Mais qui se cache derrière ce projettentaculaire ? À 78 %, legroupe demeure la propriété d’uneholding étatique desÉmirats arabes unis : Abu Dhabi United Group (ADUG). 12 % des parts appartiennent à un consortium d’entreprises publiques chinoises (ChinaMedia Capital et CITICGroup),et 10 % à une multinationale américaine (SilverLake Partners).Un mélange complexe,mais couvert de réussite. PRENDRE LE TEMPS D’INSTALLER L’IDENTITÉ MAISON Douze saisons àManchester City pour quatorze titres, trois ans àMontevideo pour deux trophées...Le CFG gagne,de plus en plus,mais prend surtoutle temps d’installer son identité et de faire bien les choses.Ancien joueur de Troyes, l’attaquant Fahid Ben Khalfallah s’est exilé en Australie en 2014 pour porter les couleurs du Melbourne Victory. Il a vu de près ce que le City Group avait fait du voisin 29 france football 22.09.20 grand angle | troyes New York City FC (USA) Melbourne City FC (AUS) Mumbai City FC (IND) Montevideo City Torque (URU) Lommel SK (BEL) Manchester City FC (ANG) Girona FC (ESP) Sichuan Jiuniu FC (CHN) 3 1 10 9 7 8 Yokohama F. Marinos (JAP) 4 6 2 ESTAC Troyes (FRA) 5 Planétaire et tentaculaire Amorcé en 2008 avec le rachat de Manchester City (1), le projet émirati n’a cessé de s’étendre surtoute la planète, jusqu’à l’acquisition cet été de l’ESTAC (10), pour être présent aujourd’hui sur quatre continents. Infographie Renaud Meillier 30 france football 22.09.20 groupe a souhaité rassurer les fans troyens en précisant que Cliff possédait «une forte expertise et de riches connaissances du football ».Les néo-propriétaires ont d’ailleurs prévu des transferts avantleur prise effective de pouvoir, tels les jeunesBrésiliensLincoln (19 ans) et DiegoRosa (17 ans),pourun montant estiméà14 M€. « Je ne maîtrise pas tout ce qui se passe derrière, concédaitBatlles àL’Est éclair. Ça peut changer la donne par rapport aux joueurs qu’on avait ciblés au départ.Il faut maintenant qu’il y ait une corrélation entre ce que je veux et ce que les nouveaux propriétaires veulent. » JOUER OFFENSIF ETPROMOUVOIRLES JEUNES Les objectifs divergent.Quand l’entraîneur vise la montée en Ligue 1 (perdue de vue en 2018), les dirigeants parlent d’abord de « se stabiliser et de contribuer à la formation de jeunes joueurs, détailleMombaerts.Avec la locomotive que représenteManchester City, on se met forcément une exigence de résultats.Mais ce qui demeure le plus important, c’estla philosophie etla promotion des jeunes. C’estla base du projet. »La maison mère n’hésitera pas à envoyer ses pépites perfectionner leur formation en France.Problème : la saison 2022-23 verra l’introduction d’une nouvelle limite de la FIFA.Trois prêts entrants ettrois prêts sortants seulement pourront être réalisés entre deux mêmes clubs. Puisque cette future règle n’a pas refroidi City, cela prouve bien que le géant compte aussi recruter des prodiges français. «Une présence du groupe en France manquait énormément vu le nombre de joueurs dotés d’un énorme potentiel »,juge d’ailleursMombaerts pour valider cette hypothèse.Un schémahabituel pour le groupe émirati : une liaison permanente a été établie avec tous les clubs satellites, du Japon à l’Uruguay en passant par l’Espagne,l’Inde et désormais la France. «Des personnes sont chargées d’opérer ce relais, confieMombaerts. Les directeurs des centres de formation (des différents clubssatellites) se déplacent à Manchester, suivent des cours...Et des joueurs partent.C’était pas mal le cas pendant que j’étais à Yokohama,les deux ou trois meilleurs de la formation ont été envoyés àManchester pourun mois à l’académie de City. Ce sera le cas aussi cette année avecMelbourne. » Au moins dans un premier temps, le CFG pensera aux jeunes et n’investira pas massivement à Troyes. « EN INDE, ILS ONTPRIS LES MEILLEURS ÉTRANGERS » Mais, passée la première phase,tout pourrait s’emballer. « La seconde étape, ce sera d’accéder à la première division », admet Mombaerts.Et pour y parvenir, le groupe change alors la stratégie de sesfiliales.En parallèle de ses velléités de formation,le club se met en quête des meilleurs joueurs du Championnat lorsqu’un objectif sportif paraît atteignable. «Lors de ma quatrième saison à Yokohama, pour donner de l’ampleur au projet,on a recruté des individualités de meilleure qualité encore, se souvient Mombaerts.On a acheté desBrésiliens qui ont permis à l’équipe de franchirun palier. C’est exactement comme ça que se décritle projet.Au départ,il y a cette mise sur orbite,après, on dessine le jeu,puis on va apporter des joueurs qui correspondent au projet pour le magnifier. Il s’agit de recruter juste,des joueurs capables de faire la différence. »Parti pour prolonger son contrat à Mumbai avantl’arrivée de City,Mohamed Larbi a subi des modifications en série. « Ils ont pris le coach qui afini premier, les meilleurs étrangers aussi... » UN FUTUR GRAND DU FOOT FRANÇAIS ? Parmi eux,un autre Français,HugoBoumous. L’attaquant de 25 ans vient de quitterGoa pour rejoindreMumbai.En quatorze rencontres d’Indian SuperLeague la saison passée,le buteur formé àLaval a marqué 11 buts et signé 10 passes décisives. Il a tapé dans l’œil des dirigeants du Mumbai City FC qui l’ont recruté, un mouvement symbolique du mode opératoire du CFG. « Ils voulaient viser le titre, etj’ai fini meilleur joueur du Championnat indien.Il me restait encore deux ans de contrat à Goa,alors ils ont payé ma clause libératoire de 200 000 dollars (168 000 €), le plus gros transfert du footindien. »Pour l’attirer dans ses filets, le City Football Group n’a pas lésiné sur la publicité. « Ils m’ont proposé un vrai projet sportif.Ce qui a fait pencher la balance entre ce projet et un retour en Europe, c’est une perspective d’évolution qui m’a été promise au sein du CFG.Ils m’ont donné beaucoup de noms pour lesquels ça a marché. Je suis censé jouerune année àMumbai et ensuite bifurquer, si les performances suivent,vers un autre club du groupe. » New York,Troyes, Gérone...Avant de penser au choix d’un nouveau club, le natif deRennes prépare une saison qui n’a toujours pas débuté en Inde. « Je m’entraîne avec leLommel SK,le club belge de City (racheté ce printemps).Le groupe travaille comme une famille. »La mise en commun des infrastructures et des ressources des clubs constituera également un avantage pour l’ESTAC face à ses adversaires deLigue 2. Pas de doute,Troyes va changer de dimension. Jusqu’à devenir lui-même un grand du football français