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Les supporters de Troyes frustrés par la situation du club : « On est la réserve de la réserve de City »
Propriétaire depuis septembre 2020 de l'Estac, City Football Group n'est pas parvenu à séduire la population locale, encore moins depuis la relégation. Reportage dans l'Aube.



Son équipe vient d'en prendre dix et Alexandre Equey, l'entraîneur des moins de 14 ans de Sainte-Savine, à quelques kilomètres de Troyes, apprécie que l'arbitre tronque le temps additionnel. Sur cette pelouse haute et grasse, le cauchemar lui rappelle le stade de l'Aube, où il ne se rend plus : « Depuis le changement de coach (Patrick Kisnorbo intronisé le 23 novembre après que Bruno Irles a été démis de ses fonctions quelques jours plus tôt), c'est la dégringolade, c'est ridicule à regarder. »


Bruno Irles après son licenciement de Troyes : « Ça aurait été difficile de faire pire... »
Il pointe autant les joueurs de l'Estac que l'actionnaire, City Football Group, accusé de tous les maux, en premier lieu de nier l'identité du club. Ce qui, le mois dernier, a agacé Aymeric Magne, dans L'Est éclair. Le président exécutif troyen s'était tout de même interrogé sur le lien distendu avec la population locale : « Peut-être est-ce de ma faute ? Peut-être qu'on ne communique pas bien sur ce qu'on fait en termes de relations avec les supporters, de relations avec les gens du territoire ? »

En interne, on reconnaît une communication minimaliste ou maladroite, que la montée en 2021 puis le maintien l'an passé ont masquée, un temps. Même du côté de la mairie, Frédéric Serra, l'adjoint aux Sports, consent que « le message n'a pas toujours été très lisible » : « On l'a remonté aux dirigeants et je crois qu'ils l'ont compris mais, pour cette saison, la cartouche est grillée. »

Benjamin Nivet, milieu emblématique de l'Estac, pointe, comme d'autres, des intentions « qui n'ont pas été expliquées ou mal expliquées, je ne sais pas, s'interroge le consultant de Prime Video. Les gens ne savent pas quelle est la stratégie de City, c'est le problème. Il y a une attente avec un budget conséquent (il est passé de 13 à 45 M€ en trois ans), des joueurs comme Rony Lopes, Mama Baldé, Wilson Odobert... Les gens attendaient un maintien facile. »« Ce n'est pas le produit qu'on a tous acheté en début de saison », observe Serra.

« Quand on a vu débarquer le groupe, on s'attendait à l'eldorado »

Frédéric Serra, adjoint aux ports de la ville de Troyes
À quelques kilomètres de Sainte-Savine, la boutique officielle du club, située au sein du Decathlon Lavau, accueillait mercredi une séance de dédicaces avec Adil Rami, Gauthier Gallon et Mama Baldé face à un public familial, magnanime et pas rancunier (« Merci les gars », « À dimanche ! »). Les membres du club présents pouvaient souffler, ils craignaient des tensions ou des remarques après l'officialisation de la descente en L2, quatre jours après la défaite à Rennes (0-4). Dans les rangs, tout le monde se fait quand même un peu allumer, « les joueurs qui font les beaux » (Lucien), Patrick Kisnorbo, l'entraîneur qui n'a gagné qu'un match et, surtout, l'actionnaire émirien, toujours lui.


Patrick Kisnorbo, entraîneur de Troyes. (E. Garnier/L'Équipe)
Depuis le rachat en septembre 2020, quand l'Estac est devenu le dixième club de la galaxie City, qui compte notamment Yokohama F. Marinos, Lommel SK et le Mumbai City FC, beaucoup ont « rêvé », c'est le terme qui revient le plus, de ne plus monter dans l'ascenseur L1/L2, de rivaliser au moins avec le ventre mou du Championnat. « Quand on a vu débarquer le groupe, on s'attendait à l'eldorado », se souvient l'adjoint aux Sports.


La stratégie du City Football Group avec Troyes expliquée avec le transfert de Savinho
« Entre les discours et les faits, il y a eu non pas de la tromperie, mais... », soupire Enrique, fan depuis un quart de siècle. Si Ludovic ne se vexe pas « d'être plus ou moins la petite équipe de City », Alexandre l'assure : « On est la réserve de la réserve de Manchester. » Une image d'arrière-boutique des Citizens qui horripile dans l'Aube, d'autant que les résultats catastrophiques se sont télescopés, selon un proche du club, avec la « perception naïve des supporters qui ont fini par croire que l'Estac est un simple club satellite, que City n'y fait que du trading, ce qui est faux ».

« Maintenant, ils parlent d'une montée en 2025-2026, d'un projet sur le long terme. Mais est-ce que c'est vrai ? »

Lucien, supporter de l'Estac
Du côté des ultras, on n'a jamais fantasmé de devenir le nouveau PSG : « Descendre en L2, un jour ou l'autre, on savait que cela arriverait, ce n'est pas tabou, assure Anthony, le leader des Magic Troyes 1997. Mais pas de cette manière. Nous, on a souvent échangé avec la direction, on savait qu'on n'aurait pas (Sergio) Agüero. Être 16e me convient très bien. » L'an prochain, le club aubois repartira pourtant en L2, sans qu'on en sache plus sur la politique, sportive du moins, de City Football Group, qui cherche à restructurer l'institution sur cinq ans et s'apprête à investir dans un nouveau centre d'entraînement.

Si le président troyen expliquait, l'an passé, vouloir « rester un club de L1 », la perception là encore est tout autre, jusque chez le très mesuré Nivet : « On n'a pas senti une obligation de rester en L1. » Lucien acquiesce : « Sinon ils auraient bougé avant. Maintenant, ils parlent d'une montée en 2025-2026, d'un projet sur le long terme. Mais est-ce que c'est vrai ? »

« Les actionnaires sont plus sur un billard à deux bandes que du court terme, les défend Serra. Ils veulent s'ancrer sur le territoire. » Chez les ultras, dont les blocs ont été fermés par la Ligue et qui n'assisteront pas à la rencontre dimanche contre Strasbourg (15h00), la relégation entretient encore plus le flou et la cassure : « On s'en claque de City, je suis troyen, tonne le leader des Magic Troyes 1997. L'autre jour (en Ligue des champions), j'étais pour le Real ! Qu'on me parle de Troyes, de mon club. »

Merci pour l'article

Un article pour rien dire finalement… dire qu’ils rendent ça payant, c’est affolant. Finalement Kisnorbo a de bons jours devant lui puisqu’a part 2 phrases les « supporters » interrogés s’en tapent et donnent dès généralités.
Merci à Aubboys pour l’article !

Merci pour l article Aub’boys !

Merci aub'boys.

Bref on ne va pas refaire le débat de comment fonctionne City. Il est par contre urgent d'éduquer les gens ici au modèle CFG et de clarifier le projet à Troyes pour éviter d'entendre les mêmes âneries.

Interview de Laurey intéressant sur EE de ce jour

Article intéressant sur les participations au capital ou rachat des clubs français par les actionnaires de clubs anglais :

https://www.eurosport.fr/football/ligue ... tory.shtml