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À l’Estac, défaite après défaite, les langues se délient
Après la débâcle contre Clermont (0-2) dimanche 9 avril, Adil Rami a eu des mots très forts, remettant en cause l’attitude de ses coéquipiers et même des choix de l’entraîneur. Consultant pour Amazon, Benjamin Nivet a également livré une analyse sans détour.

L’Estac a un pied en Ligue 2 et il est sans doute trop tard pour monter au créneau et réveiller les consciences. Mais le capitaine Adil Rami a pris ses responsabilités dimanche après la nouvelle défaite contre Clermont (0-2). À chaud, il a pointé l’attitude de ses coéquipiers (lire notre édition du 10 avril). Parfois, avec du recul, on peut regretter ses propos mais le champion du monde a enfoncé le clou, à froid, sur le plateau d’Amazon vidéo. « On avait proposé des choses intéressantes sur les derniers matches. Là, rien à voir ! On n’avait rien, on ne suit pas, on est toujours à réaction. Mentalement, on ne peut pas laisser le match comme ça. On était trop gentils, on n’a pas vu une équipe qui joue le maintien. On est là parce qu’on doit être là, ce n’est pas normal. »

Un constat partagé par un autre cadre, Gauthier Gallon : « C’est dur d’incriminer certaines personnes mais quand je vois qu’il reste 20-30 minutes et que l’on ne pousse pas pour marquer au moins un but, oui je suis déçu, j’ai l’impression qu’on n’était pas à 100 %. »

D’ordinaire mesuré dans ses propos, la légende troyenne Benjamin Nivet, consultant pour le diffuseur de la rencontre, ne s’est pas défaussé, en direct : « On ne voit pas de révolte, pas d’envie collective, celle de faire les efforts ensemble, d’avoir un vrai projet de jeu. Chacun lâche l’un après l’autre. Il n’y a pas de force dans ce groupe, ça se ressent sur le terrain, on ne sent pas un groupe qui a envie de s’en sortir. Plus que les résultats, c’est le contenu qui est désarmant. Les occasions sont créées à l’arrache, sans avoir un jeu collectif fluide, sans faire de décalage : c’est Larouci sur une percée individuelle, c’est Mama Baldé sur un pressing. C’est surtout ça qui nous fait craindre le pire. »

Forcément, les discussions se sont portées sur l’entraîneur Patrick Kisnorbo, qui a pris sept points lors de ses quinze premiers matches de Ligue 1, soit le plus faible total depuis Christian Bracconi avec l’AC Ajaccio en 2014. « On ne sent pas un projet de jeu de la part du coach Kisnorbo, pointe Nivet. Le changement d’entraîneur était-il un bon choix ? On fera le bilan à la fin mais aujourd’hui, force est de constater que ce n’était pas le bon choix par rapport à l’éviction de Bruno Irles. »

Adil Rami a lui pointé le retour à une défense à cinq après la défaite à Lille en janvier. « Je me dis qu’on était bien partis avec une composition à quatre défenseurs. (…) J’ai essayé de dire quelques mots, pour repasser à quatre, mais toujours avec des pincettes. La communication est là mais c’est compliqué pour moi : il est venu avec ses idées et moi, je reste un joueur. C’est mon rôle, d’accepter, d’être à 100 % peu importe le système. Le message du staff est-il audible ? Je me pose la même question. Je vais botter en touche car il me reste huit matches avec ce coach, si je peux gratter des minutes...»
Comme tous les observateurs, Benjamin Nivet a regretté cette absence déprimante de changements tactiques en cours de match, ou d’un match à l’autre : « Le système reste toujours le même, match après match. Même là (contre Clermont), on peut passer à quatre derrière, mettre deux attaquants pour mettre de la folie. »

En revanche, les réactions étaient moins définitives concernant les chances de maintien de l’Estac. Alors qu’Olivier Pantaloni, le coach d’Ajaccio (qui compte le même nombre de points que Troyes) a assuré dimanche que son équipe était « condamnée à la Ligue 2 »,les Troyens veulent encore y croire. « Il nous reste huit matches, huit matches de Ligue 1 à kiffer, en plus il nous reste des grosses équipes à rencontrer, remarque Gallon. Est-ce que le fait de penser que c’est terminé, ça va nous libérer ? Qui sait ? Les miracles existent, car aujourd’hui, il faut parler de miracle. » « Je crois toujours au miracle, reprend Rami. C‘est tendu, mais n’est-on pas meilleurs contre les gros ? Les gros vont-ils moins nous respecter ? Il va falloir trouver le positif partout où on peut le trouver : se dire qu’on n’est pas morts, qu’il reste des points à prendre, que tout peut arriver dans le football. Ça, moi je le sais car c’est m’est déjà arrivé mais est-ce que le groupe pourrait prendre conscience de ça ? Je n’en suis pas sûr. »

« Il reste huit journées pour se battre, c’est très compliqué car on ne voit rien venir de positif, regrette Nivet. C’est difficile pour moi d’en parler car j’ai joué tellement de matches pour ce club. C’est dur d’enterrer les équipes, mais sept points (de retard sur Brest, premier non relégable), ça commence à faire beaucoup. (…) Je suis désarmé par rapport à la situation. »

jcrego a écrit : ↑11 avr. 2023, 18:40 Merci pour l’article oui. Et bien si ils espèrent encore, à eux de montrer qu’il y a des vraies raisons pour ça, et arrêter de jouer comme depuis 4 mois… (pour rester gentil car sur les derniers temps d’Irles c’était pas fameux non plus…). D’ailleurs c’était quand la dernière fois que l’estac nous a un peu régalé ?